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Davodka : « Je ne suis pas là pour l’image, mais pour la musique »

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Jeudi 31 mars, nous retrouvons Davodka au festival Ind’Hip’Hop de Strasbourg. Ce soir là, le rappeur parisien partageait l’affiche avec Demi Portion, avec qui nous avons également eu un entretien (à venir très vite). Nous sommes revenus avec Davodka sur son dernier album, son statut en indépendant, et la situation actuelle du rap français.

Le 10 décembre tu as sorti ton nouvel album La Mise au Poing, et beaucoup de gens t’ont découvert à ce moment là, bon nombres de personnes pensent même que tu es l’avenir du rap. Qu’en penses-tu ?

Ils sont gentils ! (rires). Mais nous sommes nombreux à persévérer dans l’indé, je ne sais pas si je fais partie de l’avenir du rap, je fais ça un peu au jour le jour. Le projet est sorti et on ne sait pas ce qu’il se passera demain.

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Justement, dans le son “Le Vers 2 Trop” tu dis : « P’tites tasses-pés, beat synthé, j’rime caché, vive l’indé' », c’est un choix de rester en indépendant ? Il y a déjà des majors qui t’ont approché ? 

En général je coupe court. Des fois je ne laisse même pas l’occasion aux labels de ‘businesser » avec moi, d’essayer de prendre ma musique comme un produit. Moi je veux juste rester en indé, je veux juste gérer le côté polyvalent du truc, c’est à dire être beatmaker, écrire… Depuis 13 ans, ça anime la flamme qui fait qu’aujourd’hui encore je rap. Je suis bien entouré de toute façon, ça me suffit largement.

Pour ton dernier album ça s’est passé comment ? Tu bosses généralement avec les mêmes producteurs ?

En général c’est moi le beatmaker de mes projets. Le premier album c’est moi qui ai couvert le 3/4 des prod’, le deuxième c’est MSB un beatmaker de l’Uzine, qui a fait la moitié, j’en ai fait deux et Peyen de mon crew MSD a fait l’intro.

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T’en penses quoi du rap indé en France ?

Je trouve qu’il revient en force. Pour exemple, des fois dans le métro tu vois des mecs qui regardent des rappeurs indépendants, du nord au sud et de l’est à l’ouest, ça fait plaisir. Je ressens ça depuis 3 ans environ. Après c’est peut-être parce que j’ai plus de visibilité depuis 3 ans que j’ai cette impression.

Y’a quand même des délires commerciaux que tu apprécies ?

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Personnellement je ne fréquente pas de rappeurs commerciaux, je n’écoute pas la radio et je ne regarde pas les clips à la télé, du coup j’ai pas de kif là dedans. Après je ne dis pas qu’il n’y a pas de talent dans ce genre, mais c’est trop dirigé, encadré, c’est fait pour plaire, moi ça ne me convient pas.

Dans « Le Couteau dans la Paix » tu es super engagé, ça te tenait à cœur de parler de ce qu’il se passe dans le monde vu le contexte actuel ?

Avant ça je n’avais pas fait de son aussi profond, pour ce morceau j’ai vraiment pensé ‘plume’. D’habitude je pense ‘flow’ et ‘plume’. Et c’est malheureux mais c’est inspirant ce qu’il se passe en ce moment. Toutes les conneries et les horreurs qui se passent à gauche et à droite, je me suis dis qu’il fallait en faire un son.

Comment tu travailles ? Tu fais tes prods en fonction de tes textes, ou tes textes en fonction de tes prods ?

Ça dépend. Je peux avoir un texte qui va se coller à une prod que je vais faire après, et inversement écrire sur un beat que je viens de faire, ça se fait un peu à l’instinct. Je n’ai pas d’ordre de création.

On va parler un peu de Rap US. Tu as dit que tu n’écoutais pas trop ce qu’il se faisait en major, tu suis un peu ce qui se fait aux Etats-Unis ?

J’ai des potes qui en écoutent donc forcément je tombe dessus une fois de temps en temps, mais je suis resté à l’époque Wu-Tang, Necro, Jedi Mind Tricks… J’aime bien faire du débit donc parfois un petit Busta, ou Eminem tu vois.

T’en es où avec ton crew MSD ?

Avec MSD on est en pause. Pour l’instant il n’y a pas de projet, mais on se voit encore. C’est juste que les directions ont changé. MSD c’est devenu aujourd’hui Seppuku Lyrical, ce sont les 5 des MSD qui continuent de faire du son ensemble, moi je me concentre sur mes projets personnels. Peut-être qu’un jour on reprendra.

Tu bosses sur un nouvel album actuellement ? 

Je me suis mis en pause. J’ai fait passer les priorités de la vie avant, ma vie a évolué, mon son également, l’album est sorti il y a 3 mois, et je me suis bien donné pour ce projet. Je me préserve pour plus tard. Je préfère prendre du temps et donner de la qualité que d’enchaîner réellement pour promotionner sans arrêt.

On imagine que ça te fait plaisir de donner des concerts en province, de sortir de Paris ?

En fait à côté du rap j’ai un travail, donc c’est un peu dur de faire des dates, mais ouais ça fait archi plaisir, puisque c’est les seules fois où je bouge de paname. Voilà aujourd’hui nous sommes à Strasbourg, je connaissais la ville car j’ai des amis de mon label indépendant LeVers2Trop qui habitent ici, ça fait plaisir. Puis on va enchaîner avec pas mal de dates, Montpellier, Marseille, Bruxelles, ça fait voyager.

Tu pourrais nous sortir quelques sons qui t’ont marqué ?

Pas facile ! Je dirai « Demain c’est loin » d’IAM, c’est un son long qui en dit long également, « Une époque formidable » de Sinik que j’écoutais en boucle. Ideal J, « Pour une poignée de dollars » également…

Sinon des projets que tu apprécies ?

En ce moment je travaille avec l’Uzine avec A la chaîne, gros album. Le dernier que j’ai écouté c’est Melan, La Vingtaine, très bon projet. Et je vais t’en citer un dernier de Furax Barbarossa, qui s’appelle Testa Nera.

Dernière question, tu ne montres que très rarement ton visage, pourquoi ? 

C’est pour séparer la musique de la vie personnelle. C’est pas que j’aime particulièrement me cacher, mais déjà à l’époque avec le crew on se cachait. Par la suite j’ai gardé ce tic d’être discret. Un moment je voulais m’en séparer puis finalement non. On est pas là pour l’image mais pour la musique, donc pourquoi se montrer sans cesse ?

Propos recueillis par Baptiste Beauquis

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