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Pourquoi le prochain album d’Eminem est décisif

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Eminem

Alors qu’il est sur le point de sortir son neuvième album studio, Eminem doit montrer un nouveau visage artistique si il veut marquer le coup.

Certains diront que le grand Marshall Mathers n’a plus rien à prouver. Rappeur le plus populaire de tous les temps, génie de la controverse, auteur d’au moins trois classiques du genre, Eminem est sans aucun doute l’un des plus grands artistes que cette terre ait porté. Pourtant, depuis plusieurs années, le MC de Détroit laisse un goût amer dans la bouche de ses auditeurs. Entre déceptions et incompréhensions, le Slim Shady a perdu de sa légendaire influence, et ses deux derniers opus ne nous font pas mentir puisqu’il est difficile de les classer comme références. Pourtant, Eminem reste Eminem, et si il y a bien quelqu’un capable de nous surprendre, c’est bien lui.

Recovery, l’album qui a tout changé

De retour après une dépression qui l’a éloigné du Rap pendant plus de 4 ans, Eminem publie en mai 2009 Relapse, un opus sombre qui revient sur sa période ténébreuse, où drogues et cachets rythmaient sa vie. A sa sortie, l’album est un semi-échec commercial (si on prend en compte que l’auteur est Eminem), et les critiques se veulent parfois virulentes, résultat d’un choix artistique non compris et/ou trop complexe ? Alors que l’on vous expliquait pourquoi ce projet est un chef d’oeuvre, Slim Shady lui choisit de ce fait de changer totalement de direction et de prendre un virage à 90 degrés vers la Pop, abandonnant l’idée de sortir un Relapse 2. Alors que Relapse était presque entièrement produit par Dr Dre et restait très Hip-Hop, Recovery, son huitième opus, lui sera radicalement différent.

Dévoilé en juin 2010, le projet contraste immédiatement et radicalement avec Relapse. Le premier single « Not Afraid » montre un tout autre visage d’Eminem, assagit et plus mélodieux. Le second extrait « Love The Way You Lie » confirme cette tendance puisque c’est la Pop Star en puissance Rihanna qui se charge du refrain. Le single est un carton dans les charts tout comme l’album. Malgré que les producteurs soient en majorité issus du monde du Rap, le consigne était claire : des beats moins bruts et plus accessibles. Dr Dre produit un seul morceau « So Bad », tandis que 10 autres beatmakers sont présents sur les 17 tracks qui composent l’opus. En résulte un manque de cohérence et une qualité douteuse qui parfois rend les chansons presque inaudibles.

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The Marshall Mathers LP 2, entre Pop et Rap

Pour satisfaire ses fans les plus récalcitrants, Eminem (re)forme son duo sulfureux avec Royce da 5’9″ en 2011, et les deux MC’s dévoilent Hell: The Sequel, un bon EP composé de 9 morceaux qui se veut très Rap, et ce malgré un featuring avec Bruno Mars qui aura permis de porter le projet dans les charts.

Marshall disparaît alors totalement des radars et retourne en studio travailler sur les projets de Slaughterhouse, Yelawolf et surtout sur son huitième album. Et c’est après 2 années d’absence qu’Eminem annonce fin août The Marshall Mathers LP 2 avec le single « Berzerk » (bien que « Survival » ait été dévoilé 2 semaines auparavant pour sa tournée Européenne). Le véritable single « Berzerk » est donc ambitieux. Produit par l’immense Rick Rubin, l’extrait nous ramène à la fin des années 80 avec une ambiance Beastie Boys, on se dit alors que MMLP2 sera un hymne au Rap. Une joie qui sera de courte durée quand on découvre la tracklist avec Skylar Grey, Nate Ruess et à nouveau Rihanna.

A l’écoute, on remarque que l’opus est entre deux mondes : la Pop et le Rap. Les morceaux « Legacy », « Asshole », « The Monster », « Headlights », « Beautiful Pain » se veulent très Pop tandis que « Berzerk », « Rap God », « Brainless », « Evil Twin » et « Groundhog Day » sont très Rap. On peut également mentionner le sublime « Don’t Front », titre bonus sorti en collaboration avec Call of Duty qui nous replonge directement dans les Nineties. A côté de ça, « Rhymes Or Reason », « So Far » et « Love Game » feat Kendrick Lamar sont audacieux et proposent un voyage musical réussi (ou non), grâce à des samples concoctés par Rick Rubin.

Bref MMLP2 est un peu un fourre tout, et même si la qualité est globalement au rendez-vous, le manque de cohérence est une nouvelle fois à souligner et l’opus se serait volontiers passé de quelques tracks… Eminem dira lui-même qu’il a voulu satisfaire tout le monde avec ce projet. Mais à vouloir satisfaire tout le monde, est-ce qu’on ne contente personne ?…

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Et maintenant ?

Depuis 2013, beaucoup de choses se sont passées. Tout d’abord la sortie de Shady XV en 2014, compilation qui fêtait les 15 ans de Shady Records sur laquelle on retrouvait des inédits des artistes du label. L’année suivante, on retrouvait Slim sur la BO du film Southpaw, concoctée par le rappeur lui même. Là encore, quelques inédits étaient proposés. Dans l’ensemble, ces deux projets montraient un visage assez triste d’Eminem qui ne tente rien de nouveau et qui ne se renouvelle guère. Quelques morceaux Pop, quelques morceaux où les rimes fusent. Rien de plus, rien de moins.

Et puis surtout, l’émergence de nombreux nouveaux artistes a complètement et radicalement changé la donne. Kendrick Lamar, J Cole, Chance The Rapper, Travis Scott ou encore Young Thug pour ne citer qu’eux ont entre temps redessiné le paysage du Rap avec des innovations, des sonorités nouvelles, des visions artistiques uniques et neuves. Les jeunots ont pris le pouvoir et imposent dorénavant le rythme à suivre. Mais alors à quoi ressemblerait un Recovery ou un Marshall Mathers LP 2 face aux projets des artistes cités précédemment ?…

Les très bons albums s’enchaînent à vitesse grand V, aujourd’hui tout va très vite. Eminem ne doit plus se contenter de seulement rapper, mais doit innover, être audacieux, quitte à risquer de décevoir. Il doit bousculer les codes, retrouver une identité artistique propre et une cohérence, qui doit notamment passer par un choix réfléchi des producteurs (coucou Dr Dre).

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Alors bien sûr, qu’importe la qualité du projet, il sera écouté, en grand nombre à n’en pas douter. Le seul nom « Eminem » est une marque. Mais il y a bien longtemps que Marshall n’a pas fait un album qui marque son temps, qui sera gage de référence dans le futur, tels que le sont Slim Shady LP, MMLP et The Eminem Show. Après un enchaînement de désillusions, un énième opus décevant signifierait définitivement la mort artistique du MC, qui à bientôt 45 ans est plus proche de la fin de carrière que du début. Mais comme dit précédemment, si un artiste est capable de choquer et de surprendre, c’est bel et bien Eminem. A partir de là, tous les espoirs les plus fous sont permis. Après tout, on a affaire au…

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