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Musique

Les cinq punchlines les plus polémiques du rap français

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Si le rap, par définition, cherche à prendre des prises de positions parfois houleuses, certains artistes se sont heurtés à une hostilité fracassante.

Si le rap, par définition, cherche à prendre des prises de positions parfois houleuses, certains artistes se sont heurtés à une hostilité fracassante.

Le rap puise ses origines chez des communautés qui ont des choses à dire. C’est peut-être moins le cas aujourd’hui mais, selon des codes originels, le hip-hop a toujours été un témoin, un thermomètre de l’atmosphère social d’un Etat. Plus que jamais, des artistes ont déversé dans leurs lyrics des rimes fortes, parfois virulentes, se cassant les dents sur une sphère politique immuable. Des bras de fer rappeur/politicien, des propos maladroits ou mal interprétés, voici un tour d’horizon de cinq punchlines qui ont mené le rap devant la barre ou dans les catégories « polémiques ».

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L’affaire Orelsan et « Sale Pute »

Il s’agit là, sûrement, de la polémique la plus célèbre du rap francophone. En 2007, Orelsan balance le clip de « Sale pute » sur internet. Derrière ce titre somptueusement poétique se cache un visuel et un texte au mieux, remplis d’humour noir, au pire, parsemés de misogynie. La secrétaire d’Etat de l’époque, Valérie Létard, opte pour la seconde possibilité, dénonçant fermement les propos de l’artiste, l’accusant même d’incitation à la haine envers les femmes.

Alors que les médias s’emparent de la polémique, le morceau « Sale pute » divise de manière très froide la France. D’un côté, les fervents défenseurs de la liberté d’expression et de l’humour, menés par Orelsan qui explique qu’« en aucun cas ce texte n’était une lettre de menaces, une promesse de violence ou une apologie du passage à l’acte ». De l’autre, une communauté beaucoup plus hostile qui s’indigne des paroles.

Dans tous les cas, Orelsan a été relaxé pour l’affaire en 2016, même si le morceau partage toujours autant.

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Youssoupha contre Eric Zemmour

Tout commence dans le morceau « A force de le dire ». Non, en fait, pas vraiment. Pour comprendre réellement l’histoire, il faut appréhender qui sont les deux personnages. Dans le paysage du rap français, Youssoupha se place du côté des artistes « conscients », prônant massivement un message de mixité social et de tolérance. Inutile de préciser qu’Eric Zemmour, connu pour ses sorties polémistes caressant les idéaux d’extrême droite, ne partage pas forcément les mêmes avis.

« J’mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d’Éric Zemmour » – A force de le dire

Voilà donc, comment nous en sommes arrivés à une punchline telle dans un texte de Youssoupha. Atterré, Eric Zemmour s’est braqué contre le rappeur, s’accablant d’une « menace de mort » tout en attaquant de manière très violente le rap dans sa généralité, dénonçant une « sous culture, d’analphabètes »L’essayiste a donc porté plainte contre l’artiste, qui a répondu dans un morceau désormais classique, ironiquement intitulé « Menace de mort ». Youssoupha a remporté le procès.

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L’affaire Sniper, le groupe contre Nicolas Sarkozy

L’opposition entre les textes de rap et le ministère de l’Intérieur est un conflit aussi vieux que le monde. En 2003, c’est le groupe Sniper qui s’est heurté à Nicolas Sarkozy suite à des propos tendancieux extraits de plusieurs morceaux.

« On nique la France sous une tendance de musique populaire […]. On s’fout d’la République » – La France

Révolté, le ministre s’est indigné que de tels propos puissent être entendus par plusieurs milliers de personnes. S’en est alors suivi une guerre sèche entre les deux partis : quand Nicolas Sarkozy dénonçait des paroles « antisémites et racistes », Sniper n’a jamais plié sous la pression politique. Une fois n’est pas coutume, le groupe a perdu quelques plumes dans la bataille en se collant une étiquette de groupe houleux tout en se voyant déprogrammer de plusieurs concerts. Pour autant, Sniper n’a, encore aujourd’hui, rien perdu de son fond militant.

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Nekfeu contre Charlie Hebdo

En 2013, la bande originale du film La Marche accueille la crème des rappeurs actuels, parmi lesquels Soprano, Nessbeal, Kool Shen, Disiz, Akhenaton ou Nekfeu. Dans un morceau particulièrement fort, c’est ce dernier qui s’est retrouvé au cœur d’une polémique pour une attaque ferme à l’hebdomadaire Charlie Hebdo.

« Je réclame un autodafé pour ces chiens de Charlie Hebdo » – Nekfeu

Evidemment, les principaux concernés, pas forcément connus pour avoir leur langue dans leur poche non plus, ont répondu sèchement au rappeur en expliquant qu’il s’agissait là d’un “chant religieux communautariste qui appelle à brûler un journal satirique antiraciste en 2013”Pour rappel, un autodafé est un jugement par le feu, considéré de manière plus actuelle comme un bûcher de livres. Face à la polémique gonflant, plusieurs rappeurs sont montés au créneau, notamment Disiz, défendant le Fennec.

😉 Charlie Hebdo, pas raciste? Si vous le dites… le journaliste Olivier Cyran écrit à ses anciens camarades, tout est dit. Paix

Publié par Nekfeu sur jeudi 5 décembre 2013

La situation a néanmoins tourné après les sombres attentats du 7 janvier 2015. Nekfeu, pris dans l’étau de milliers de critiques s’était alors vaguement excusé dans un long communiqué. Cependant, la position des rappeurs par rapport à l’hebdomadaire reste toujours ambiguë. Si tous s’accablent des attaques terroristes, le regard vis-à-vis de la position du journal est plus tendu, comme ont pu l’expliquer DamsoDisiz ou Booba après coup.

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La Rumeur, l’autre combat de Nicolas Sarkozy

En juillet 2002, le rappeur Hamé du groupe La Rumeur s’est, lui aussi, attiré les foudres de l’ex-Ministre de l’Intérieur. Cependant, il ne s’agit pas là d’une musique mais d’une phrase pour un fanzine à l’occasion de la sortie de l’album L’Ombre sur la mesure

« Des centaines d’entre nous sont tombés sous les balles de la police » – Hamé

La phrase a fait sortir de ses gonds Nicolas Sarkozy qui a porté plainte pour « diffamation, atteinte à l’honneur et la considération de la police nationale ». L’artiste, loin de jouer le replis, a récidivé ses attaques à l’encontre de l’homme politique. En 2009, deux ans après l’élection à la Présidence de Nicolas Sarkozy, le groupe s’est même fendu du punchline osée dans son titre « Tellement » « Avec des « si » j’foutrai la tour Eiffel dans l’cul du Président ».  Finalement, encore une fois et malgré un parcours juridique interminable, la Cour de cassation a donné raison à La Rumeur.

S’il existe de nombreuses autres affaires dans ce genre, il est tout de même important de constater que, si la sphère politique se montre hostile au rap et à ses propos, la justice, elle, est beaucoup plus indulgente.

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