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Deso Dogg, l’étrange histoire d’un rappeur allemand devenu djihadiste en Syrie

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Retour sur l’itinéraire d’un rappeur désorienté parti en 2012 faire le djihad en Syrie

Découvrez le parcours désorienté de Denis Mamadou Cuspert. Un rappeur officiant sous le nom de Deso Dogg, parti en 2012 faire le djihad en Syrie.

Fils d’un père ghanéen immigré et d’une mère allemande, Denis Mamadou Cuspert nait en 1975 à Berlin. Dans une interview au magazine Exberliner, il explique la relation conflictuelle qu’il entretient avec son père, les coups et les blessures physiques. C’est le début de la descente aux enfers. Il tombe dans la délinquance de rue et fait les poches des touristes. Adulte, il se met à vendre de la drogue et se vante auprès d’un journaliste hip-hop de ses actes de délinquance. Arrêté, il passe plusieurs années derrière les barreaux des prisons berlinoises. À sa sortie, il plonge de nouveau dans la drogue et intègre brièvement un hôpital psychiatrique.

Du rap à l’Islam

Ses débuts sur la scène rap berlinoise commence en 2006. Travaillant avec le label berlinois Streetlife Entertainment, Cuspert prend le nom de Deso Dogg, en référence à ses icônes du Rap US, Tupac et Snoop Dogg. Il sort ses deux albums solo en 2006 puis 2009, Murda Cocctail Vol I et Schwarzer Enge (l’Ange noir).

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En 2010, Deso Dogg se convertit à l’Islam et prend le nom d’Abou Maleeq. L’année suivante, il fonde avec l’Autrichien Mohamed Mamadou, un groupuscule djihadiste et fait circuler sur le net de la propagande islamiste. On recense ainsi plusieurs preuves qui montrent que sa parole trouve écho auprès de certains moudjahids (combattants islamistes). Le 2 mars 2011, Cuspert influence l’auteur de l’attentat commis à l’aéroport de Francfort contre un car de soldats américains. C’est trois jours plus tard, soit le 15 mars 2011, que débute le « Printemps arabe » en Syrie. La population se soulève contre le dictateur Bachar-Al-Assad suite au meurtre d’un jeune garçon, assassiné par la police secrète du régime.

Départ en Syrie

Après l’interdiction de son mouvement en 2012, l’apprenti djihadiste quitte l’Allemagne pour rejoindre la Syrie et lutter contre Bachar-Al-Assad. Il prend le nom d’Abou Talha Al-Almani (« l’Allemand ») et intègre la brigade djihadiste Millatu Ibrahim (« la communauté d’Abraham »). Sur place, Deso Dogg publie une série de vidéos sur les réseaux sociaux appelant à commettre des attentats sur le territoire allemand. Les vidéos choquent l’opinion publique allemande. Sa propagande engendre la radicalisation en ligne de jeunes allemands. Il influence notamment d’autres jeunes à le rejoindre au Levant (le nom donné à la Syrie par les djihadistes). Les services de renseignement allemands estiment en 2013 à plus de 120, le nombre d’islamistes partis du pays pour mener le djihad. Un exode dont ils désignent Cuspert comme le principal responsable.

Note : Contrairement à l’idée reçue, le terme islamique djihad (ou jihad) ne signifie pas « guerre sainte ». Changeant à maintes reprises d’interprétations au cours des siècles, il désigne un « effort religieux ». Il se distingue en un djihad majeur, un combat spirituel intérieur, et un djihad mineur, concernant la guerre.

Cuspert dans le viseur de la coalition

Le 9 septembre 2013, un communiqué du groupe djihadiste Millatu Ibrahim annonce que l’ancien rappeur Cuspert a été blessé dans un raid de l’aviation syrienne sur une maison. L’Allemand souffrirait d’une grave blessure au crâne mais sa mort n’est pas annoncée. Toujours vivant, il rejoint l’État islamique à la fin de l’année.

Par la suite, il se passe presque 2 ans sans faire parler de lui. La Coalition internationale menée par les Etats-Unis pour éradiquer Daesh en Irak et en Syrie, tente de l’abattre en visant un pick-up le transportant en dehors de la capitale Raqqa, mais en vain. Des mois durant, Daesh a en effet continué de diffuser des vidéos de propagande avec la participation de l’ancien rappeur berlinois.

Un an plus tard, la Coalition retente sa chance et organise un nouveau raid pour avoir sa peau. A-t-il été mis hors d’état de nuire ? Impossible à savoir puisqu’aucune déclaration officielle n’a eu lieu en ce sens, bien que depuis cette date, celui-ci n’ait plus donné aucun signe de vie.

L’État islamique a perdu ses deux capitales Mossoul et Raqqa, et son territoire recule inexorablement. Quel que sera le dénouement de cette guerre déjà bien trop longue, pour sûr que Cuspert, mort ou non, aura joué un rôle déterminant dans les opérations de l’organisation terroriste.

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