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Doit-on considérer PNL comme du rap ?

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PNL

La musique des deux frères se trouvent depuis leur explosion au cœur d’un débat houleux : doit-on la considérer comme du rap ? Nos rédacteurs se sont posés la question.

Le paysage hip-hop français est rempli de débats et de contradictions. Pour offrir quelques pistes de réflexion à ces conversations interminables de fin de soirée, nos rédacteurs ont discuté autour de quelques points de divergences. Au programme aujourd’hui : doit-on considérer PNL comme du rap ou non ?

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[alert type=white ]Les origines du groupe et son virage[/alert]

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Bien sûr que PNL fait du Rap. Il ne faut pas oublier que, par le passé, les deux frères faisaient du Rap plus « classique » avec notamment des projets solos respectifs. Ademo sortira, par exemple, en 2008 Le Son des Halls Vol 1quand son petit frère N.O.S. suivra les traces de son frangin en dévoilant son projet 365 jours pour percer en 2011. Ils ont également fait des Freestyles avec Guizmo la même année, preuve qu’ils étaient impliqués à 100% dans l’univers du Rap.

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La question n’est pas ce qu’ils ont pu faire, mais ce qu’ils font désormais. De nombreux artistes ont commencé par le rap avant de se tourner vers des univers beaucoup plus larges. Les exemples les plus évidents semblent être Maître Gims ou Soprano, mais on peut également citer Stromae qui a, lui aussi, fait ses premières classes dans le hip-hop. S’ils ont évidemment commencé par là, les deux frères ont pris un virage complètement différent. L’album Dans la Légende est, selon un point de vue purement musical à des années lumières du Son des Halls vol. 1 qui s’apparente à du rap brut. En bien ou en mal ? Là n’est pas la question, mais cette divergence semble incontestable.

[alert type=white ]Un univers inspiré des codes du rap[/alert]

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La direction artistique semble plus large que le Rap en effet, mais les thèmes abordés par PNL sont typiques du monde du Hip-Hop. La banlieue, la prison, le jeu de la drogue : tout y est. On pourrait même dire que Ademo et N.O.S. n’ont rien inventé dans les sujets mais, ils ont réinventé la manière de les aborder notamment en nous immiscent profondément dans leur univers, en nous familiarisant avec leur entourage, leur ennemis, leurs « ien-cli ». Quand Maître Gims et Soprano font de la musique aujourd’hui, ils n’abordent plus ces thèmes et s’éloignent des codes du Rap, PNL est toujours en plein dedans.

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C’est précisément ici qu’on caresse la complexité du débat. Le rap est un style jeune, d’une quarantaine d’années maximum. Si le terme « Rap and Poetry » s’est révélé être fédérateur les premières années, force est de constater que les rappeurs imposent désormais une certaine distance, ouvrant la porte à un plus gros travail artistique. L’utilisation de vocoders, les mélodies, une production toujours plus importante : tant d’éléments qui témoignent d’un virage qui semble inévitable.

Rap, pas rap ? La question doit être plus large et peut trouver des pistes de réflexion dans d’autres genres. Le rock par exemple s’est heurté à ce même débat interminable et plusieurs nébuleuses ont émergé autour du style (metal, grunge etc). Ces sous-genres s’avèrent respecter avec plus ou moins de rigueur la culture rock. Pour PNL le débat est le même : s’ils semblent respecter la culture hip-hop, par les thèmes abordés et leurs proximités, il semble difficile de les inclure dans le rap pur. Ils ont appréhendé ces codes pour les insuffler dans un genre proche, mais différent, à mi-chemin entre le rap et là variété.

[alert type=white ]Sous l’impulsion du rap américain[/alert]

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Comme tu l’as dit, le travail lyrical n’est plus un critère obligatoire dans le Rap aujourd’hui. Mais à ce compte là, Kanye West, Kid Cudi, Travis Scott ou Young Thug font-ils du Rap ? Ce n’est pas parce que le travail du texte est mis un peu plus de côté que ce n’est plus du Rap. De plus, PNL a fait appel à des producteurs Rap pour Dans la Légende. Si avant leur façon d’aborder la production était assez amateur en piochant sur internet, pour le coup les deux frères se sont bien entourés avec notamment BBP qui a produit pour Vald, Damso ou la MZ, mais surtout Nk.F qui a lui aussi bossé avec Damso, Niska, Ash Kidd, Siboy et bien d’autres.

De plus, la cover de l’opus a été réalisée par Fifou, l’auteur de plus de 600 pochettes Rap. Et quand on demande un avis sur PNL, c’est aux rappeurs qu’on fait appel directement, preuve que dans la conscience, PNL fait partie du monde du Rap. Les rappeurs ont d’ailleurs en immense majorité un grand respect pour Ademo et N.O.S. qui pour beaucoup ont réussi à apporter un nouvel univers, ou plutôt une nouvelle galaxie dans l’univers du Rap.

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Premièrement, ton exemple américain semble erroné puisqu’il omet plusieurs facteurs. Si, d’un point de vue purement qualitatif les Rap français et américain se rapprochent, notre mentalité hip-hop a encore beaucoup à apprendre. Par exemple, aux States, rappeurs et artistes de « variété » collaborent généreusement, et la frontière entre les deux s’amincit. En France, le simple fait qu’on se pose la question « Est-ce que ceci ou cela, c’est du rap ? » témoigne du manque de prise de recul que l’on peut avoir. A l’heure où Kendrick Lamar collabore avec Taylor Swift, peut-on imaginer un Nekfeu faire de même avec TAL ? Que le son soit bon ou pas, il sera fracassé par les fans, comme a pu l’être le featuring entre Booba et Christine and The Queens, pourtant intéressant dans son genre.

Deuxièmement, tu évoques aussi les producteurs, et ces deux idées se rejoignent. Aux Etats-Unis, les producteurs occupent une place de choix dans le paysage hip-hop au point qu’ils sont parfois autant considérés que l’artiste lui-même. En France, ils perdurent dans ce travail de l’ombre, trop peu considéré. Puis, une fois n’est pas coutume, les producteurs américains ne s’enclavent pas uniquement dans le rap : il n’y a qu’à voir Pharrell Williams, tantôt aux côtés de Snoop Dogg, tantôt aux côtés de Cara Delevingne. Dans la musique francophone, seul Stromae semble en mesure d’assurer ce rôle.

Bref, la mentalité hip-hop française (et je parle bien de mentalité, attention) est bien en retard sur ce point-là. Si PNL était né de l’autre côté de l’Atlantique, on appellerait ça du Cloud Rap, soit une forme de rap particulier.

[alert type=white ]Conclusion : Rap, pas Rap ?[/alert]

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Tout à fait Jamy, mais comme tu dis, « Cloud Rap », donc du Rap ! Si la musique de PNL est du Rap aux USA, qu’est-elle en France ? A la rigueur, il faudrait songer à créer de nouvelles appellations comme pour le Rock, ou les mots « Grunge » et « Metal » ont été conçus pour le différencier Rock de ses dérives. Mais ça, c’est un tout autre débat…

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Le plus judicieux serait de savoir ce qu’eux-mêmes pensent de ce débat. A l’heure où la question du « Rap ou pas Rap ? » devient de plus en plus récurrente, elle doit, en effet, trouver une réflexion intéressante. Si les deux frères choisissent de concourir dans les « Chansons de variété » aux Victoires de la Musique, que doit-on en penser ? S’ils sont approuvés par Lacrim ou Booba, ils le sont aussi par Julien Doré. Les deux frères semblent fédérateurs sur bien plus d’un point…

C’est désormais à vous de clore le débat : que pensez-vous de la musique de PNL ?

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N’hésitez pas à proposer des sujets à traiter pour les prochains épisodes. 

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