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Rencontre avec Sfera Ebbasta, la superstar du rap que toute l’Italie attendait

Edouard Gerard-Beveridge / 2HIF

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La star du rap en Italie était de passage à Paris pour la promotion de son nouvel album Rockstar. 2HIF a eu l’opportunité d’échanger avec Gionata Boschetti, plus connu sous le nom de Sfera Ebbasta.

Mardi 27 février, nous retrouvons Sfera Ebbasta à son hôtel dans le marais à Paris, interview courte et chronométrée dans le cadre de la promotion de son album Rockstar dévoilé en janvier dernier, il est accueilli comme une superstar. Les regards sont braqués sur l’artiste qui nous confie son envie débordante de dévorer le monde. Premier italien a avoir dessiné une paire de sneaker pour Nike, Sfera nous parle de son ascension sociale, son amour de la musique, sa rencontre avec SCH et son attachement à l’univers de la mode. Rencontre.

2HIF : Quand est-ce que tu as commencé à rapper ? Et surtout quand est-ce que tu considères avoir trouvé ce son si particulier qui te définit ?  

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J’ai commencé à rapper quand j’avais 13 ans en réalité, mais j’ai trouvé mon propre son il y a deux ou 3 ans. Ma première chanson, « Per Davvero », était la première chanson du nouveau Sfera Ebbasta. Avec un nouveau type de beats par exemple. J’avais l’habitude de faire des sons très trap, mais sans autotune. Là, c’est plus underground, plus street.

Raconte-nous ta rencontre avec SCH.

C’était dingue, parce que je suis un gros fan de SCH. Je me passais « A7 » genre, tous les jours, vraiment. Un soir, mon manager m’appelle et me dit « Bro, faut que t’ailles dormir parce que demain, t’as un vol pour Paris. SCH a appelé et te veut sur son album. » Je lui ai répondu « Arrête de déconner » sauf que ce n’était pas une blague, il m’a envoyé les billets d’avion. Avec Charlie Charles nous sommes allés à Paris pour rencontrer SCH. On est devenu super amis. On s’est présentés, on a parlé 10 minutes, fumé un joint. Finalement on a fait France-Italie sur Fifa. On est comme des frères maintenant.

Est-ce que vous avez enregistré le jour de votre rencontre ?

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Ouais, le même jour. On était en studio de 4h du matin à 4h de l’après-midi. Tous les jours au studio, on mangeait, on jouait à Fifa et après on a enregistré le morceau. En fait, « Cartine Cartier » c’était mon son à la base. On était en train de bosser sur une autre chanson. J’écrivais le couplet pour « Murceliago », et je lui ai dit « Attends, attends, faut que je te fasse écouter un truc. » Je lui ai passé « Cartine Cartier » et il a fait venir tout le monde dans le studio. Finalement il m’a dit « Non, mais, faut absolument qu’on fasse ça ! » Et on a fait le morceau.

« J’adorerais travailler avec Booba. J’aime bien PNL, ils sont géniaux. Lacrim et SCH, c’est déjà la famille. »

Parlons du morceau « BRNBQ » Cette chanson est dingue parce que sans même comprendre l’italien, on ressent facilement l’émotion. Savais-tu que ta musique avait la force de s’exporter ailleurs qu’à Milan, et au-delà de ton pays ?

Oui je le savais. Je le savais parce que je pense qu’un bon son est la clef. Même si je ne parle pas français, j’écoutais A7 en boucle. Même si je ne comprenais pas un seul mot. Je sentais la vibe. La musique est comme ça : soit elle te prend au tripe, soit pas. Il n’y a pas d’entre deux.

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Il y a quelqu’un qui est très important dans ta musique, c’est Charlie Charles.

Ouais, c’est ma moitié, mon âme sœur. (rire)

Raconte-nous comment tu l’as rencontré, et comment vous avez commencé à travailler ensemble.

On a commencé à parler quand on avait 13 ou 14 ans sur mon MySpace.

Tu l’as rencontré grâce à la musique ?  

Ouais, en quelque sorte. Son ex copine vit dans le même quartier que moi. Elle me connaissait et savait que je faisais de la musique. Elle a dit à Charlie d’écouter mes sons, et il faisait déjà de la production, donc il m’a envoyé un texto « Hey bro, j’aime ton style, travaillons ensemble ! » Et moi je lui ai répondu, « Non, mais moi je ne veux pas travailler. » Trois mois plus tard, il m’a envoyé un son, j’étais avec mon meilleur pote, on a appuyé sur play, et on est devenu fous. Du coup je lui ai renvoyé un texto « Allez, on s’y met mon pote. »

Finalement on s’est rencontré après un concert dans un Mcdo. On a vraiment commencé à bosser, enfin avec ma voix sur ses sons après 1 an dans le même studio. D’abord il était mon ingénieur du son sur des beats américains. Je me rappelle du jour où il a fait le beat pour le premier morceau de XDVR, aujourd’hui j’imagine même pas rapper sur les prods de quelqu’un d’autre.

Photo : Edouard Gerard-Beveridge / 2HIF

Du coup, c’est qui le Billionaire Money Gang ?

Au début c’était moi et Charlie. On aide pleins de nouveaux rappeurs avec des sons, des featurings… Mais maintenant ça commence à devenir un vrai label. On a changé le logo, et on est en train d’annoncer la première signature du label, avec le premier artiste. On a notre propre manager, notre propre photographe, avant c’était juste un gang, une page instagram, mais là c’est un vrai truc, on peut prendre un mec dans la rue et le rendre populaire.

De gros rappeurs italiens sont sur le morceau « Bimbi » de Charlie Charles, comment as-tu préparé ce couplet aussi dingue ?

Laisse-moi te raconter. J’étais celui qui a pris le moins de temps à préparer mon couplet. À l’origine, c’était une chanson de Izi, Rkomi et Tedua. J’étais dans le studio, j’ai écouté le son et j’étais en mode, ouais c’est sympa mais j’aime pas le refrain, donc j’ai commencé à l’écrire moi-même.

Mais il n’y a  pas de refrain sur « Bimbi » ?

Au début, mon couplet c’était le refrain. Ça sonne comme un couplet, mais ça sonne aussi comme un refrain. Donc le refrain est devenu mon couplet. J’ai fini d’écrire ça en 10 minutes, on a enregistré ça et tout le monde était choqué, genre « C’est ça dont on a besoin ».

Tu as fais plusieurs sons avec SCH, Ghali en a un avec Lacrim, est-ce qu’il y a d’autres rappeurs français avec qui tu souhaiterais travailler ?

J’adore pleins de rappeurs. Je respecte toujours les gens qui font de la bonne musique. J’adorerais travailler avec Booba. J’aime bien PNL, ils sont géniaux. Lacrim et SCH, c’est déjà la famille.

« À 15 ans je disais à mon meilleur pote : « Frère, l’Italie a besoin de quelqu’un qui change le style de la musique parce qu’elle est ringarde. » Ce quelqu’un, c’était moi. »

Il y a un thème qui est très présent dans ta musique, et qui semble beaucoup compter pour toi, celui de la réussite.

Quand les gens te voient briller, ils se disent « Oh, il a de la chance, il sait ça, il connait ce mec! » Crois-moi, je ne connais personne. J’ai commencé tout seul,  j’étais pas chanceux, ni riche. Mais j’ai toujours agi, toujours travaillé, toujours écrit mes couplets comme si j’étais quelqu’un de populaire, même quand je n’étais personne. Je pense que c’est la clef du succès. Tu dois être sûr de toi. Tu dois répondre aux détracteur : « Je ne suis pas cool, je suis le PLUS cool. »

Tu parles beaucoup de ton passé, et de toutes les épreuves que tu as traversées.

Il y a des gens qui pensent que mes sons ne parlent de rien. Mais c’est faux. Peut-être que ça parle d’un truc dont t’as rien à foutre, mais crois-moi, ça parle de quelque chose. Tu sais « Figli di Papa » a un son très pop avec le truc du rap. Quand cette chanson est sortie, c’était la première fois que j’avais l’impression de passer la barrière du mainstream. J’étais partout à la radio, à la télé, parce que le son est pour tout le monde, c’est entraînant avec des paroles fortes et différentes.

Comment tu te sens quand tu joues une telle chanson en live du coup ?

C’est dingue, parce que tu sais mes fans en Italie sont dingues. C’est pas juste des fans, ils sont vraiment tarés avec moi. C’est pas juste de la musique, et je pense que c’est parce qu’ils savent que j’étais l’un d’entre eux, que j’étais un gars simple, mais que je l’ai fait ! Rien n’est impossible. Tu sais dans les messages privés, les filles m’envoient des trucs genre « Tu es extraordinaire etc. » mais les mecs m’envoient toujours des trucs « Putain bro’, t’es un exemple pour moi, je veux être toi, je travaille dur pour être comme toi. » C’est dur à dire, mais en vrai j’aime ça.

Dans cette chanson justement tu dis « A do dicci anni avevo soltanto due scarpe »  « Quand j’avais 10 ans, j’avais que deux chaussures » et aujourd’hui t’as un deal avec Nike.

Jétais le premier en Italie a pouvoir faire le design d’une paire Nike (Sfera Air force 1), c’était incroyable. Le staff en Italie m’a dit que c’était dingue parce que personne ne l’avait fait avant moi.

T’as toujours été un fan de mode ? Raconte-nous ton rapport à ce milieu ?  

C’est vrai. Quand j’étais jeune, j’étais pauvre, et quand je voyais des trucs cools, je pouvais pas les acheter, maintenant je peux. C’est normal pour moi, j’ai genre besoin de les acheter, tu vois ? Il y a des gens qui pensent que lorsque tu commences à faire de l’argent, t’as tendance à plus le respecter. Ils te disent des trucs genre « Si tu viens de la rue, pourquoi est-ce que tu dépenses 1000 euros dans des sneakers ? » Mais en fait c’est exactement pour ça. C’est parce que je viens de là, parce que je ne pouvais pas le faire avant, à quoi ça sert de vivre comme quand j’avais pas de succès ? À quoi ça sert d’être un rappeur si tu ne peux pas agir comme tel ? J’ai toujours rêvé de ça. À 15 ans je disais à mon meilleur pote « Bro, l’Italie a besoin de quelqu’un qui change le style de la musique parce qu’elle est ringarde. » Ce quelqu’un, c’était moi.

Photo : Edouard Gerard-Beveridge / 2HIF

Bravo pour ton album Rockstar qui réalise des gros chiffres (double platine). Il y a une version italienne et une version internationale, pourquoi cette décision ?

J’étais en train de bosser sur la version italienne, et je me suis dit : « J’ai des connexions dans le monde entier, pleins d’amis, pleins de possibilités. » Alors, pourquoi ne pas les utiliser ? J’ai demandé à Tinie Tempah si il souhaitait faire un remix de mon son, il m’a répondu : « Damn, bro, for sure let’s do it ! » J’ai fait la même chose avec Miami Yacine, avec Lary Over. J’avais besoin de faire ça. C’était l’étape suivante pour l’Italie. Maintenant que nous l’avons fait, d’autres peuvent le faire. J’adore ouvrir la porte pour nous, les italiens. Le problème en Italie c’est que les gens ont toujours peur de faire les choses, trop effrayés d’avoir un retour négatif. Moi j’en ai rien à foutre du feedback, et c’est pour ça qu’il est toujours bon ! (Rires)

Au fait, c’était évident pour toi d’appeler ton album Rockstar ?

Si je dois être honnête, je me sentais comme une rockstar quand je faisais cet album, et maintenant je me sens VRAIMENT comme une rockstar. Quand je l’écrivais, je pensais que je me sentais comme une rockstar, mais en fait j’étais un gars qui allait devenir une rockstar.

Que peut-on te souhaiter pour le futur ?

Me souhaiter ? Je sais pas, de la chance. (Rires) Je te souhaite de la chance à toi aussi. De la chance, de l’argent et des femmes.

 

Propos recueillis par Niels Nicolas. L’album Rockstar est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de streaming.

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